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Rapport de la Communauté du Christ-Roi pour la consultation synodale sur l’Eglise que nous rêvons pour demain

L’invitation du Pape François à rêver ensemble l’Eglise de demain a été accueillie avec enthousiasme par la communauté du Christ-Roi. Compte tenu de l’immensité du projet et du laps de temps en revanche réduit dont nous disposions (plus ou moins 3 mois), il a été décidé de limiter nos échanges et donc notre contribution à quatre thèmes. Afin d’impliquer le plus grand nombre possible, conformément à l’esprit du synode, le choix en a été laissé aux membres de la communauté parmi une liste de dix thèmes. La majorité a exprimé son intérêt en priorité pour les sujets suivants : clercs et laïcs, les femmes dans l’Eglise, vivre ensemble notre foi, une liturgie qui inspire. Chacun d’eux a été abordé pendant une semaine du Carême, à la fois lors de la messe dominicale et, de manière plus approfondie, à l’occasion d’une réunion qui lui était dédiée. Il a par ailleurs été échangé sur ces axes dans différents cercles de la communauté, comme les jeunes professionnels, le méjistes etc. Enfin, une large information, distribuée par différents canaux, en particulier la newsletter de la communauté, a également permis de susciter des contributions écrites individuelles. Au total, environ 400 personnes ont participé à cette démarche.

 

 1) De nos échanges sur le thème « clercs et laïcs » se dégagent nettement deux tendances. D’une part, un désir de relations entre clercs et laïcs plus fraternelles et moins hiérarchiques (« frères plutôt que pères »), où les responsabilités décisionnelles seraient partagées et où le domaine sacramentel serait le seul a priori entièrement réservé aux prêtres. Pour l’accession au conseil paroissial, le recours à l’élection a fait l’objet d’une suggestion.

Plusieurs ont regretté la perception de l’Eglise, qui correspond parfois à une réalité, comme une institution hiérarchique soumise à l’autorité des évêques, en posture de juger et imbue de la certitude d’être seule détentrice de la vérité. Ce point a été mis en lien avec les abus sexuels et d’autorité dans l’Eglise dont l’ampleur récemment révélée a été vécue comme un traumatisme.  Ils appellent de leurs vœux une Eglise plus humble, plus pauvre, plus conviviale et plus attentive en particulier aux jeunes et aux réalités humaines (notamment dans son droit).

D’autre part, la condition des prêtres est un sujet de préoccupation largement partagée. L’Eglise devrait mieux les accompagner et être davantage attentive à leur bien-être, difficilement compatible avec la solitude d’une vie en paroisse, surtout lorsque celle-ci est très vaste, comme c’est désormais souvent le cas. Comment un prêtre en souffrance peut-il être le visage d’une Eglise heureuse, rayonnante et accueillante ? En particulier, le célibat des prêtres semble une épreuve plus qu’un avantage (« tout le monde a besoin de tendresse »). Pourquoi en faire une obligation ?

2) A l’occasion des échanges sur « les femmes dans l’Eglise » s’est exprimée une puissante aspiration à voir enfin réellement reconnue leur dignité de baptisées à égalité avec les hommes (« que l’on ne dise plus dans l’Eglise : les femmes n’ont pas de droit de »). Il a été jugé que le discours sur la différence des vocations des hommes et des femmes avait trop longtemps servi à différer la reconnaissance concrète de l’égalité de leurs vocations et de leurs capacités. Des participants ont rapporté, pour le regretter, que dans certaines paroisses, les jeunes filles n’étaient plus admises comme enfants de chœur ni les femmes à s’approcher de l’autel ou à distribuer la communion.

Dans le contexte de l’Europe occidentale, une telle situation est jugée préjudiciable à l’Eglise. Le fait que celle-ci ne soit dirigée que par des hommes ne peut qu’être perçue comme une anomalie ou une marque d’indifférence à l’évolution des sensibilités. Il est possible que cela détourne des jeunes de l’Eglise car l'Eglise n'est alors pas représentative de la société dans laquelle ils vivent.

Les participants s’accordent à penser que l’ouverture du sacerdoce aux femmes serait un signe important d’un « printemps de l’Eglise ». Si une telle métamorphose ne semblait pas réalisable dans l’immédiat, des mesures pourraient y préparer les esprits telles que la nomination de formatrices dans les séminaires, de femmes diacres, voire de « cardinales ». Une telle évolution, peut-être audacieuse à l’échelle de l’Eglise universelle, serait sans doute bien accueillie dans certains diocèses.

En somme, nous avons rêvé d’une Eglise qui donnerait l’exemple d’une mixité harmonieuse et où chacun pourrait s’épanouir et servir sans autre considération que sa vocation et son charisme.

 3) Les contributions sur le troisième thème, « vivre ensemble notre foi », ont beaucoup mis l’accent sur l’importance de la dimension communautaire de la foi et sur les moyens de vivifier nos communautés.

Différents témoignages concrets ont souligné combien était précieuse la vocation de l’Eglise de rassembler les générations, les sensibilités, les cultures et combien lui étaient contraires les tendances, parfois observables, à la segmentation et à l’entre-soi. Il a été rappelé, à cet égard, l’importance de l’accueil, notamment des nouveaux arrivants, des chrétiens non engagés, des « chrétiens du seuil », de « ceux qui viennent et que personne ne connaît », des migrants, des divorcés remariés, des familles et des personnes quelle que soit leur orientation sexuelle.

De l’avis unanime, vivre ensemble notre foi signifie bien plus que la participation à l’assemblée dominicale. Il importe donc de promouvoir les activités en commun (entre-aide, projets, promenades, musique, réflexions, débats, service liturgique, accompagnement, etc…). L’engagement des membres de la communauté auprès des migrants, des détenus, des pauvres et en matière d’écologie est vécu comme l’expression nécessaire d’une Eglise en sortie, présente au monde.

L’importance des fêtes pour unir et mobiliser nos communautés a été largement évoquée. A côté de Noël et Pâques, l’Ascension et l’Epiphanie mériteraient d’être davantage fêtées. Il est souhaité que l’Eglise se rende plus visible ces jours de fêtes, jusque dans les médias et la vie sociale. Naturellement, l’esprit festif ne doit pas se borner aux célébrations, mais inspirer aussi des moments de convivialité informels (repas, pots, BBQ, etc…)

 4) Les discussions sur la liturgie ont mis en évidence des appréciations très contrastées.

Beaucoup ont exprimé leur reconnaissance pour la liturgie dans telle ou telle paroisse lorsqu’elle est belle et nourrissante (« on se sent membre d’une communauté », « une émotion partagée », « la liturgie nous fait sentir vivants »). Ils soulignent le soin et le temps consacrés par ceux qui la préparent et l’animent.

D’autres, ou les mêmes lorsqu’ils envisagent la liturgie de manière générale, ont une appréciation plus critique. Ne faudrait-il pas prêter davantage attention à l’accueil, les lectures ne sont-elles pas trop nombreuses et Saint-Paul n’y est-il pas surreprésenté, ne devrait-on pas laisser davantage de place au silence, donner le goût de la prière ?

Les jeunes en particulier insistent sur la difficulté de vivre la liturgie. La messe est jugée trop compliquée, trop répétitive, trop longue, trop déconnectée de ce qu’ils vivent. Il faut noter que cette perception est celle de jeunes catholiques pratiquants qui disent sans ambages s’être beaucoup ennuyés à la messe pendant leur enfance.

Il ressort des différences profondes dans la perception de la liturgie que la messe traditionnelle, d’un accès effectivement difficile, ne devrait pas être l’unique manière de célébrer ce que nous vivons. Les jeunes qui se sont exprimés appellent de leurs vœux des célébrations plus interactives (comportant un temps de questions/réponse, des prises de parole spontanées, la participation des laïcs à l’homélie), plus pédagogiques et plus simples (expliquer les symboles, moderniser/actualiser le vocabulaire), plus variées et inventives (s’écartant du schéma de la messe, simple réunion de prière, pas forcément d’eucharistie, utilisation de nouveaux supports, des arts graphiques, de la danse…), et plus tournées vers le présent.

Consulter d’autres rapports du diocèse de Luxembourg : https://www.cathol.lu/glawen-pastoral-foi-pastorale/synod-2021-2024/

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