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Homélie du Baptême du Seigneur B - Marc 1, 7-11



Tôt ou tard, tout être vivant doit vivre une plongée. La plongée est inévitable, lorsqu’on veut devenir ‘mature’, ‘mûr’, adulte. C’est l’aboutissement du chemin de la croissance. S’il y en a un qui a été respectueux du cheminement humain, c’est bien Jésus. Le baptême qu’il a reçu de Jean le Baptiste, c’est ‘sa plongée’ ; s’il a été attentif à la voix du Père, c’est pour sortir de sa famille humaine et aller rencontrer le monde, grâce à « la poussée » de l’Esprit.


1. Ce que nous dit le texte sur Dieu, Jésus, l'Esprit.

DIEU : La seule chose concernant directement Dieu : Il pardonne les péchés.
 Et si l'on considère le mot ciel comme "synonyme" de Dieu, on peut ajouter : 
Il s'ouvre et "libère", donne généreusement l'Esprit. Dieu est don, sans mesure, infini.
 Il parle et sa Parole enveloppe Jésus, le touche, l'inonde, le présente comme le fils bien aimé. Nous sommes ici dans une intimité profonde.
 Dieu parle et devient Père: "Tu es mon fils bien aimé". On peut ajouter que le Père est celui qui donne tout (il ne donne pas un peu de joie, un peu d'amour,..., mais toute sa joie, tout son Amour).


JESUS : Il vient de Nazareth; il se déplace ; il reçoit le baptême; il sort de l'eau; il voit.
 Il voit le ciel s'ouvrir (Dieu présent) et l'Esprit descendre sur lui (il voit le don de Dieu). Jésus voit le Dieu de relation.
 Jésus entend et reçoit une Parole personnelle, incroyable, une Parole d'amour: "Tu" es mon fils bien aimé. Jésus se sent aimé, infiniment.
 En se déplaçant vers le Jourdain, Jésus nous dit son désir de changer de vie, de quitter son village, ses habitudes et de passer à une vie entièrement tournée vers Dieu. Une vie de don et d'abandon. Une vie disponible. 
En recevant le Baptême, Jésus accueille mais il donne aussi (Jésus s'offre).


L'ESPRIT : La présence de l’Esprit et de l’eau (baptismale) nous renvoie aux premiers versets de la Genèse, où l’Esprit de Dieu vole (« plane » le mot hébreu évoque le vol d’un oiseau) à la face de l’abîme. « Dieu créa le ciel et la terre » comme deux réalités séparées. Désormais, si cieux et terre gardent leurs différences, ils sont mis en communication. La communication de Dieu avec les hommes qui semblait fermée (en l’absence de prophètes) s’ouvre subitement et le souffle de Dieu investit Jésus. De façon très douce. Comme la colombe qui, après le déluge, était venue vers Noé pour lui apporter le rameau d’olivier : ainsi sur Jésus, en lui et par lui, arrive la paix du monde.

L'Esprit descend : il vient de plus Haut, il vient de plus Grand, il vient de plus Beau. 
Il se dirige vers les terres humaines. Il se dirige vers Jésus. 
L'Esprit est comme un oiseau (relation entre le ciel et la terre). Il est comme une colombe : paix et pureté.

Comment Jésus manifeste-t-il l’Esprit ? Que lui fait faire l’Esprit ? Il ouvre les yeux des aveugles, il passe en faisant le bien, il guérit. L’Esprit qui crée l’homme dans la chair restaure la chair. Ne croyons pas que ce sont là simplement « des signes pour prouver qu’il est Fils de Dieu » : ce sont plutôt des signes qui montrent comment est Dieu : ennemi du mal qu’il trouve dans l’homme, ennemi de la souffrance et de la mort.


2. Nous appelons « chrétiens »... !

Ce mot vient de Christ, qui signifie « celui qui a reçu l'onction », « qui a été imprégné, marqué ». Un chrétien n'est pas qu'un admirateur de Jésus, de sa philosophie, de sa façon d'aborder les êtres et les événements. Le jour du baptême qui nous a fait chrétien, cette parole a été prononcée : « Dieu te marque de l'huile du salut pour que tu participes à la dignité et à la mission du Christ, prêtre, prophète et roi. »

Quand on va voir un nouveau-né à la maternité, certains disent à qui il ressemble : « Je trouve qu'il a des airs de sa grand-mère... Saint Ambroise de Milan, lui, dit qu'il a une façon de ne pas se tromper, c'est de dire qu'il ressemble à Dieu... Il est l'image et la ressemblance de son Père des Cieux. Il est plus enfant de Dieu qu'enfant de ses parents... Au sortir du baptême, notre Père regarde le petit enfant comme s'il venait de vivre personnellement la passion de Jésus :

«Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. »


3. En prolongeant jusqu’à nous l’expérience de Jésus plongeant au cœur de l’humanité, il nous associe intimement à lui. Le baptême, nous entraine au cœur de sa vie et particulièrement dans sa mort pour ressusciter avec lui. Avec lui! C’est le mot-clé qui donne de tout comprendre. Avec lui, lui avec nous, fidèle en cela au sens du nom dont il est porteur : Emmanuel : Dieu avec nous... Pas un Dieu au dessus de nous, pas un Dieu sans nous ou à notre place, mais avec nous. Jésus inaugure sa mission, par un acte de solidarité, un acte presque cosmique qui vaut tous les discours. Cette célébration du baptême vient clore nos célébrations de Noël. La naissance merveilleuse de Jésus n’a de sens que dans la communion qu’il vit avec l’humanité, dans ce choix décisif de faire corps avec l’humanité, de se compromettre avec elle jusque dans ses limites, les plus extrêmes, aujourd’hui même.

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