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Homélie du 6 avril - Jeudi Saint - Année A- (Jean 13, 31-35)


Ce moment si particulier est, dans l’évangile selon saint Jean, l’équivalent de l’institution de l’eucharistie.

Jésus n’a voulu qu’une chose : se mettre à notre service. Ce geste nous révèle le sens de sa vie !


Inadmissible ce geste, impensable. Me laver les pieds. Seigneur, jamais ! L’attitude de saint Pierre est d’abord superficielle : « Toi, Seigneur, tu veux me laver les pieds ! ». Pierre refuse le chemin d’humilité où Jésus s’engage et où il l’appellera. Mais Pierre ne refuse pas l’enseignement de Jésus en bloc. Son « Toi, Seigneur » montre qu’il refuse que ce soit Jésus, le Seigneur, qui prenne cette place. S’il est aussi vif, c’est parce qu’il est personnellement impliqué, parce qu’il est personnellement ébranlé. L’image qu’il avait de Jésus comme Seigneur ne lui permet pas de supporter ce spectacle.


Jésus qui est venu de Dieu, qui retourne à Dieu, qui sait son origine et son destin, s'humilie aux pieds de ses disciples. Nous réalisons avec beaucoup d'étonnement : le Créateur aux pieds de ses créatures... Jésus aux pieds de ses disciples, aux pieds de Pierre. Et moi, en me mettant à la place même de Pierre, est-ce que je peux laisser Jésus me laver les pieds, me servir parce qu'il m'aime ? N’est-ce pas difficile de se laisser voir et aimer tel qu’on est ?


Nous aussi, nous n’aimons pas trop dépendre d’un autre… Nous aussi, avons de la peine à servir nos frères au long des jours. Nous pensons plutôt à avoir la meilleure place, la meilleure part… que nous soyons petit ou grand…
 C'est vrai, il y a des choses que nous essayons d'éviter de faire, et pourtant, lorsque nous aimons, cela ne nous pose plus aucun problème de le faire pour la personne aimée. Laver des pieds n'a rien de très amusant ; laver les pieds de l'être aimé change la perspective. L'action qui découle de cet amour est légère, toute empreinte de tendresse et ne se soucie pas d'elle même puisque la personne aimée reprend sa place au cœur de la rencontre.

« Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, 
vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres ». Ce soir est donc particulièrement émouvant. Jésus va nous quitter et avant de mourir, il nous demande de prendre sa suite. Il nous dit : vous qui êtes mes disciples, maintenant conduisez-vous en maîtres ; vous qui m’avez suivi et écouté, maintenant montrez le chemin. C’est ce que rapporte saint Jean : « C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous ». Goûtons cette invitation pressante, faite dans l'intimité, la veille de la Passion. Demandons l'intelligence du cœur pour entendre le sens profond de cette invitation : "afin que vous fassiez, vous aussi, comme j'ai fait pour vous". "Comme" : de la manière, à la manière du Serviteur qui livre sa vie.


À la fin, Jésus reprend son vêtement et dit : « Comprenez-vous ce que je viens de faire pour vous ? » Avec mes mots, je lui réponds, comme un ami parle à un ami, comme un serviteur à son maître qui s’est fait serviteur.


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