Homélie du 25 décembre -Nativité du Seigneur — Année A — (Mathieu 1, 1-25)

Homélie de la nuit de Noël.
Elle mit au monde son fils premier-né
Nous voici au centre du mystère : contemplons dans le silence portant nos regards sur
l’enfant et sa mère. S’attendrir est bien, mais surtout essayer de comprendre l’immensité
de l’amour, en face de ce bébé. Comme tous les nouveau-nés, il est là, impuissant et
faible. Il est le fils de Dieu, renversant toutes nos habitudes d’égoïsme et de domination.
Pourquoi sommes-nous touchés par les récits de la nativité ? A leur lecture, quelque
chose résonne en nous, comme un appel à laisser tomber aussi nos carapaces, à nous
défaire de nos masques et de notre suffisance. Notre cœur est lui aussi fait pour la
confiance.
Je viens vous annoncer une bonne nouvelle.
Elle est annoncée aux plus humbles, aux plus pauvres : des bergers. Des gens qui
veillent dans le silence de la nuit étoilée, attentifs au moindre signe. Cette disponibilité
humble est nécessaire pour voir la lumière. « Bonne nouvelle », car elle remplit de joie.
Cette joie entraine, car elle se transforme en espérance. Louons Dieu, remercions cet
enfant : soyons dans la paix, car nous sommes aimés, infiniment. Le théologien Karl
Rahner écrit : Ce n’est pas le jugement qui est le dernier mot de Dieu, mais c’est sa
miséricorde ; ce n’est pas sa distance infinie, mais sa proximité indescriptible ; ce n’est
pas sa sainteté dévorante, mais son amour inexprimable, par lequel il se donne lui-
même à ce qui n’est pas Dieu ».
« Noël n’est pas alors seulement une fête qui revient chaque année ou le souvenir d’une
belle chose ». Noël n’est pas l’anniversaire de Jésus comme on le dit aux enfants ; mais
c’est « bien plus » : nous allons sur ce chemin pour rencontrer le Seigneur. Noël est une
rencontre. Pas une rencontre passagère, mais une rencontre définitive. Il reste demeurer
en nous. Ce qui advient, dans l’espérance, avons-nous chanté tout au long de l’Avent. Et
nous marchons pour le rencontrer : le rencontrer avec le cœur, avec la vie ; le rencontrer
vivant comme il l’est ; le rencontrer avec foi ». Mais plus qu’être nous, à rencontrer le
Seigneur, il est important de se laisser rencontrer par lui. Quand nous sommes
seulement nous à rencontrer le Seigneur, nous sommes nous, pour ainsi dire, les patrons
de cette rencontre ; mais quand nous nous laissons rencontrer par lui, c’est lui qui entre
en nous, c’est lui qui nous renouvelle, parce que c’est cela que signifie la venue du
Christ : renouveler le cœur, l’âme, la vie, l’espérance, le chemin ».
C’est tout le mystère de la vie qui est ici exprimé :
Nous naissons, nous vivons, puis nous mourons. Et cette réalité de l’existence humaine,
Dieu la prend totalement quand il devient homme. Mais il ne l’assume pas pour la vivre
simplement comme nous, il la vit pour la sauver. Le Fils éternel n’est pas venu
seulement apporter une solidité à tout ce qui est trop fragile dans nos vies. Couché dans
la mangeoire, le Messie s’annonce comme une nourriture pour l’humanité affamée. Il ne
vient pas simplement faire un petit tour sur notre terre ; il vient nous sauver et s’offrir
en nourriture. Jésus nouveau-né est déposé dans une mangeoire, comme du pain dans
une corbeille sur la table de l’humanité, cette table où il dira en offrant le pain à ses
amis : ceci est mon corps pour vous, prenez et mangez. Corbeille aussi du partage du
pain avec les foules auxquelles il proclamera : je suis le pain vivant descendu du ciel. Il
vient nourrir l’humanité de sa parole, de sa personne, de sa vie, à Béthléem, qui signifie
“maison du pain”.
La mangeoire du Christ annonce la victoire de Pâques. Celui qui est né dans la
paille, qui sera déposé au tombeau, ressuscitera dans la gloire. Et nous, par lui, avec lui
et en lui. Qui parmi nous peut le comprendre ? Nuit de Noël et nuit de Pâques ? Que
s’accomplisse dans le monde entier ce que les anges chantèrent en cette nuit : “Gloire à
Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’il aime”.
Joyeux Noël !
Amen.