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Commentaire de l’Evangile du 26 février - 1er Dimanche de Carême - Année A- (Mathieu 4, 1-11)


Pendant 40 jours, l’Église nous invite à nous rapprocher de Dieu. L’Évangile de ce dimanche veut nous y aider, mais de façon assez étrange, comme un guide qui n’indiquerait que les mauvais chemins. Peut-être est-ce une manière de nous dire que nous ne pourrons pas faire l’économie de chercher par nous-mêmes le bon chemin.

Jésus vient d’être baptisé dans le Jourdain, il a entendu la voix proclamer : « celui-ci est mon fils bien-aimé ». Matthieu nous dit qu’aussitôt après, il est conduit au désert par l’Esprit. Nous aussi baptisés et, par le baptême, filles et fils de Dieu, faut-il que l’Esprit nous conduise également au désert ? Un lieu de privation : Jésus y jeûne 40 jours et 40 nuits. Une étendue immense, solitaire, dangereuse, on s’y perd facilement. Où aller ? Quelqu’un justement se présente et nous offre son aide : voici le diable.

Il ouvre devant nous deux fausses routes, dès ses premiers mots : « Si tu es fils de Dieu… ».

A gauche, la route du doute : « si vraiment tu es fils de Dieu… mais en es-tu tout à fait sûr ?». A droite, la route de la présomption : « puisque tu es fils de Dieu…puisque tu es

l’héritier…puisque tout t’est dû ». Le diable invite plutôt Jésus à prendre à droite.


1 ère tentation, le Christ a faim. « Si tu es fils de Dieu, dit le diable, ordonne que ces pierres deviennent des pains ». Ne trouvez-vous pas que ces paroles font écho à l’encyclique Laudato Si : nous pouvons reformuler « puisque tu es tout puissant à l’image de Dieu, Ton Père, transforme la Terre selon tes désirs ». On commence à voir ce que cela peut donner et à se demander combien de temps cette Terre pourra encore supporter tous nos désirs, même les plus absurdes. Faire du pain avec des pierres, n’est-ce pas un bon exemple de désir absurde ?

Pour faire du pain, il faut de la terre, du soleil, de l’eau, des graines et du temps, Dieu nous a déjà donné tout cela. Mais il faut aussi le travail des hommes, le travail et l’art du paysan, du meunier, du boulanger. L’homme ne doit pas oublier qu’il est un collaborateur de Dieu et de Sa création.

Jésus réplique au diable : « Il est écrit : ‘l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu’ ». Alors que le diable s’adresse aux désirs personnels de Jésus, ici le pain, Jésus renvoie à Dieu et plus précisément aux Écritures. Le texte de la Genèse, en 1 ère lecture, nous invite lui aussi à revenir aux paroles exactes de Dieu. Observez la manière dont le serpent détourne les paroles de Dieu, les travestit pour semer le doute et induire en tentation : « Alors Dieu vous a vraiment dit : « Vous ne mangerez d’aucun arbre du jardin ?’ »

Et nous autres, est-ce que nous savons ce que Dieu nous a vraiment dit ? En ce temps de

Carême, est-ce que je vais prendre le temps et faire l’effort d’écouter la Parole, de lire

l’Écriture ?


2 e tentation : le diable place Jésus au sommet du Temple et dit : « Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit : ‘Il donnera pour toi des ordres à ses anges’, et ‘ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre’ ». Vous remarquerez que le diable, lui aussi, est capable de citer les Écritures et avec à propos. Jésus répond là encore par une citation : « Tu ne mettras pas à l’épreuve ton Dieu ». En d’autres termes, tu n’imposeras pas ta volonté à Dieu, ce serait se mettre à sa place, et même, au-dessus de Lui.

Est-ce que, moi aussi, je ne demande pas à Dieu ce que je veux ? Le bien-être, le confort, le succès de mes entreprises, que sais-je ? Mais est-ce que je ne pourrais pas plutôt Lui

demander ce qu’Il veut de meilleur pour moi ?


3 e tentation. Le diable de notre Évangile n’est guère patient. Il faut bien qu’il ait des vices. A sa troisième tentative, il laisse tomber le masque : il ne s’adresse plus à Jésus comme au Fils de Dieu. Il dévoile son désir de prendre la place de Dieu en obtenant que Jésus se prosterne devant lui. Et que lui offre-t-il, que nous offre-t-il en échange ? La possession, la possession de tous les royaumes du monde et de leur gloire.

Et moi, qu’est-ce que j’ai envie de posséder, quel est le royaume de ce monde, quelle est la gloire que je convoite ?

Jésus rejette Satan et lui répond par une citation de l’Écriture qui s’adresse directement à

nous : « c’est le Seigneur Ton Dieu que tu adoreras, à Lui seul tu rendras un culte ».

Là encore, Jésus nous indique en creux le bon chemin. Si le désir de posséder peut nous

conduire à nous prosterner devant Satan, c’est le chemin opposé qui conduit à Dieu, à Son Royaume, à Sa gloire, le chemin de la dépossession, du service, du partage. Jésus nous annonce le Jeudi Saint.

Alors en ce temps de Carême, nous pouvons nous demander : quel peut être mon service ? Avec qui puis-je partager ?

Avec ces questions, il nous appartient de chercher le bon chemin. Pour cela Jésus nous a

munis de deux guides précieux, son Évangile et la prière qu’Il nous a apprise :

Notre Père, c’est à Toi et à la Terre que Tu nous as donnée que nous demandons notre pain,

Que Ta volonté soit faite et non la nôtre,

Soutiens-nous lorsque nous sommes tentés et délivre-nous du mal.

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