Homélie du 13ème dimanche ordinaire A - Matthieu 10, 37-42

Frères et sœurs, aujourd’hui le Seigneur nous a rejoints et vient de nous inviter à retrouver la joie de l’Évangile en nous impliquant triplement : soyez de plus en plus accueillants, attachez-vous sans hésitation aucune à moi et soyez mes ambassadeurs (accueil, amour prioritaire du Christ et mission)
Comprenons donc bien : préférer en tout Notre Seigneur Jésus Christ c’est aimer d’un même mouvement nos proches. La priorité donnée au Christ, c’est de recevoir le Christ en ami : aimer à la manière du Christ, ou encore devenir capable d’aimer les autres en vérité « aime Dieu de tout ton cœur et ton prochain comme toi-même ».
Les premiers chrétiens, tous des convertis, ont choisi de suivre le Christ, alors qu’en même temps, ils étaient souvent incompris et rejetés par les membres de leurs familles, parfois jusqu’à la persécution. Mais ils tenaient ferme. Autre caractéristique de ces premières communautés chrétiennes : elles étaient constituées à la fois de disciples itinérants et de résidents sédentaires. Les sédentaires, particulièrement, étaient là pour accueillir les itinérants. Ainsi, l’accueil, valeur tellement essentielle dans la Bible et la tradition juive, nous a été rappelé dans la lecture : comment le prophète Elisée fut accueilli par l’étrangère Sunamite. Cette femme, n’écoutant que la générosité de son cœur, a reconnu en Elisée un homme de Dieu. Elle porte en elle une grande peine, mais elle n’en parle pas : son mari est âgé et ils n’ont toujours pas de fils. Elisée, si délicatement accueilli, est touché. Il lui promet, comme le formule l’évangile d’aujourd’hui, une récompense de prophète : « A cette même époque, au temps fixé pour la naissance, tu tiendras un fils dans tes bras. »
Dès lors, c’est clair, pour le Seigneur, accueillir l’autre, c’est aussi écouter ses confidences, partager ses joies et ses peines. Tout est dans la qualité, la justesse, de l’accueil. Dieu est là, c’est lui que nous accueillons ou que nous refusons d’accueillir au jour le jour.
D’ailleurs, saint Paul vient aussi de nous le rappeler : nous avons tous commencé par être accueillis ! Dans la vie et dans la fraternité chrétienne, le jour de notre baptême. Nous avons été immergés, nous aussi, dans cet océan d’amour qui est en Dieu, Père, Fils et Esprit Saint. Rassemblés pour notre célébration, nous écoutons maintenant le Christ dans sa Parole et son Pain de vie.
Vivant de cet accueil de Dieu, nous sommes reliés au Christ qui ne cesse de nous rejoindre par l’Esprit Saint, son amour, c’est lui qui nous envoie partager largement sa joie et aménager avec tous les hommes et femmes de bonne volonté notre maison commune, le Royaume de Dieu. En cette célébration se partage la charte du Royaume à tous confié, la charte des béatitudes, celle des pauvres, des humbles, des doux, des persécutés, celle de la généreuse hospitalité : l’écoute de l’autre, l’entraide, la solidarité, le soutien mutuel avec les malades, les isolés et les exclus. « C’est à moi que vous le faites ».
Ce dynamisme de la mission ne trouve pas sa source en nous-mêmes. Baptisés, ce n’est pas en notre propre nom que nous parlons, que nous agissons. L’accueil que nous pouvons recevoir dans le vécu de nos témoignages, c’est le don de l’Esprit de Dieu, c’est lui qui agit dans le cœur des personnes qu’il met sur notre route, dans nos réseaux. Le sens même de l’Église, c’est d’accueillir tous ceux qui sont touchés par Dieu.
Au cœur de tout accueil vibre cette capacité d’aimer que le Seigneur inscrit dans le cœur de tous les humains : découvrir, émerveillés, les talents des uns et des autres reçus et à partager avec la joie de l’Évangile.