Méditation du 6ème dimanche de Pâques - Jean 14, 15-21

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (Jn 14, 15-21)
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements. Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : l’Esprit de vérité, lui que le monde ne peut recevoir, car il ne le voit pas et ne le connaît pas ; vous, vous le connaissez, car il demeure auprès de vous, et il sera en vous. Je ne vous laisserai pas orphelins, je reviens vers vous. D’ici peu de temps, le monde ne me verra plus, mais vous, vous me verrez vivant, et vous vivrez aussi. En ce jour-là, vous reconnaîtrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi, et moi en vous. Celui qui reçoit mes commandements et les garde, c’est celui-là qui m’aime ; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; moi aussi, je l’aimerai, et je me manifesterai à lui. »
Méditation pour le 6ème dimanche de Pâques
Une immense bonté habite le monde, mais qui s’en rend compte ? En ce temps de pandémie et de crise, « on » ne cesse de nous énumérer toutes ces choses dont l’humanité est victime, si bien que nous prenons l’habitude de considérer que le monde serait aux mains du « mauvais » et que c’est lui qui en est devenu le maître. Dans le récit de la Tentation rapporté par les évangiles ne se présente-t-il pas comme le maître du monde ? Si Jésus ne tombe pas dans le panneau, la plupart des humains se font prendre au piège.
Quand Pierre affirme « Le Christ est mort pour les péchés, une fois pour toutes », l’expression « une fois pour toutes » est un cri de victoire : le monde du mal et du péché est définitivement vaincu dans l’obéissance du Fils. Pierre lie fortement les deux étapes du témoignage chrétien : ce qui se passe dans le secret du cœur, dans la prière ; et le courage de parler ; l’un ne va pas sans l’autre.
« Honorez dans vos cœurs la sainteté du Seigneur, le Christ. » Voilà la première étape, ce qui se passe en nous, dans le secret de la prière. Et c’est dans la prière que nous puisons l’audace nécessaire.
La deuxième étape, c’est d’oser dire notre espérance, être prêts à dire « ce qui nous fait courir », dirait-on aujourd’hui. Surtout, en entrant peu à peu dans rythme de déconfinement… « Vous devez toujours être prêts à vous expliquer devant tous ceux qui vous demandent de rendre compte de l’espérance qui est en vous ». Si je comprends bien, Pierre nous conseille de ne pas parler en premier ; pour lui, nous devons nous contenter de répondre aux questions de notre entourage. Saint François de Sales disait : « Ne parle que si on t’interroge, mais vis de manière à ce qu’on t’interroge. »
Les interrogations germent quand notre vie témoigne d’une espérance : alors ceux qui nous voient vivre se demandent d’où nous vient cette espérance. Etre rendus capables de mener notre vie d’une manière renouvelée est certainement le témoignage le plus beau. Ce témoignage n’est pas fanfaronnade : « Faites-le avec douceur et respect », dit Pierre. Une des premières tâches du chrétien, c’est d’aider les hommes à espérer.
Finalement, le programme que Pierre trace dans sa lettre, c’est le programme même du Christ, c’est-à-dire le programme du Serviteur que décrivait Isaïe : le prophète disait : « Il ne crie pas, il n’élève pas le ton », mais en même temps, quoi qu’il arrive, ce serviteur décrit par Isaïe ne se laisse pas décourager. Pierre insiste : « Soyez prêts à tout moment de rendre compte de l’espérance qui est en vous. »
Aimer Jésus. La foi chrétienne n'est pas une simple croyance en une divinité mystérieuse ni une supposition sur l'au-delà. Me croire, dit Jésus, c'est m'aimer. Qu'est-ce à dire ?
Accepter ses commandements. Cet amour n'est pas un sentiment qui va et qui vient, une sensation qui apparaît et disparaît selon nos humeurs mais l'accueil des commandements de Jésus. Il importe donc au point de départ de s'informer, apprendre le contenu de l'Evangile qui rapporte tous les enseignements de Jésus. La foi est obéissance au sens ancien : « ob-ouïr » : se placer en-dessous d'une Parole pour la servir.
Persévérer dans la pratique. L'élan premier de la foi se prolonge jusqu'à devenir fidélité, persévérance dans un style de vie que l'on choisit. Au cœur des commandements. Jésus a énoncé plusieurs commandements à ses disciples (« Ne servez pas l'argent... Veillez... Priez... ») mais tous finalement se résument à deux :
« Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (15, 12.17) Et « Vous croyez en Dieu : croyez aussi en moi » (14, 1). En ces temps troublés, choisissons ce que nous voulons vraiment vivre, personnellement, en famille, en église.
« Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un Consolateur qui sera pour toujours avec vous : c'est l'Esprit de vérité. Vous le connaissez, car il demeure auprès de vous, et il est en vous ». Dieu n'est pas un Dieu lointain, il est plus intime à nous-même que nous-même. Il est celui qui respire en nous, dit St Augustin. Il nous emplit de sa tendresse, qui nous donne de goûter les choses d'une façon nouvelle, d’entrer en résonance avec notre aspiration profonde.
Retenons ce qui nous a permis ces dernières semaines, de ”tenir bon avec bonté” : l’engagement des soignants, les décisions politiques de mettre le soin en priorité par rapport aux impératifs économiques, un début de reconnaissance sociale envers les invisibles qui gardent notre humanité face à la menace de la mort. Il était impossible de “sortir dehors”, mais nous sommes nombreux à avoir entendu la convocation à “sortir de nous-mêmes” pour faire de la place à autrui. L’exigence de la fraternité sonne autrement à nos portes. Tout est fragile, comme notre corps social et politique en convalescence. Nous pouvons prendre soin autrement de nous-mêmes, des autres, du monde. »
Quand nous entrons en résonance avec le désir de notre cœur, nous sentons que nous ne sommes plus seulement citoyens de la terre, mais déjà citoyens du ciel, que nous habitons en Dieu. Osons dire notre Espérance. Une immense bonté habite le monde.