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Méditation du 4ème dimanche de Pâques A - Jean 10, 1-10


Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (10, 1-10)

En ce temps-là, Jésus déclara : « Amen, amen, je vous le dis : celui qui entre dans l’enclos des brebis sans passer par la porte, mais qui escalade par un autre endroit, celui-là est un voleur et un bandit. Celui qui entre par la porte, c’est le pasteur, le berger des brebis. Le portier lui ouvre, et les brebis écoutent sa voix. Ses brebis à lui, il les appelle chacune par son nom, et il les fait sortir. Quand il a poussé dehors toutes les siennes, il marche à leur tête, et les brebis le suivent, car elles connaissent sa voix. Jamais elles ne suivront un étranger, mais elles s’enfuiront loin de lui, car elles ne connaissent pas la voix des étrangers. »

Jésus employa cette image pour s’adresser aux pharisiens, mais eux ne comprirent pas de quoi il leur parlait. C’est pourquoi Jésus reprit la parole : « Amen, amen, je vous le dis : Moi, je suis la porte des brebis. Tous ceux qui sont venus avant moi sont des voleurs et des bandits ; mais les brebis ne les ont pas écoutés. Moi, je suis la porte. Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé ; il pourra entrer ; il pourra sortir et trouver un pâturage. Le voleur ne vient que pour voler, égorger, faire périr. Moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance. »

Méditation pour le 4ème dimanche de Pâques

La porte pascale. Pourquoi proposer aujourd’hui l’évangile dit du "bon pasteur", alors que la liturgie de ce temps est censée explorer, du moins partielle­ment, les implications et significations de l’événement pascal ? C’est que ce texte doit justement être lu dans une perspective pascale, comme le suggère le verset 11 (qui suit immédiatement ce texte) : "Le bon pasteur est celui qui donne sa vie pour ses brebis". En fin de compte, le pasteur changera de poste : de pasteur il se fera l’agneau, l’agneau pascal dont le sang marque les portes par lesquelles on peut "aller et venir", "l’agneau de Dieu qui emporte le péché du monde". Changement de poste également à propos de la porte, puisque Jésus se présente d’abord comme celui qui entre par la porte, puis comme la porte elle-même. Quelle est cette porte ? La porte pascale, cette "porte étroite qui conduit à la vie" (Mt 7,14). Le Christ peut s’assimi­ler à cette porte car il ouvre le passage, il est l’issue et tous doivent passer par lui ; en lui. Il n’y a pas d’autre chemin : Il nous conduit au Père qui est "la vie et la vie en abon­dance". Nous avons là l’équivalent des paroles dites en Jean 14,5 : "Je suis le chemin, la vérité et la vie". Ne prenons pas cela à la légère : il s’agit d’être décidé à passer par où le Christ est passé, à met­tre nos pas dans ses pas.

Quand le Fils "descend" jusqu’à nous. Si Jésus est la porte, comment peut-il se présenter comme celui qui passe par la porte, une porte déjà là, avant lui ? Je pense qu’il veut nous dire que le seul vrai berger est celui qui vient rejoindre les siens dans la situation d’enfermement où ils se trouvent. Jusque dans nos confinements, actuels, au sens propre comme au sens figuré. C’est la trajectoire décrite en Philippiens 2,5-11 : "Lui, qui était en forme de Dieu, n’a pas retenu jalousement son être-comme-Dieu mais il s’est anéanti lui-même..." Cette porte, c’est ce que nous appelons incarnation, venue dans notre "chair", et jusqu’au bout, jusqu’à l’extrême détresse où un être humain peut se trouver, dans les situations d’injustice, de maladie, d’incompréhension, jusque devant la mort.

Alors les portes de la mort pourront devenir les portes de la vie. Jésus entre dans nos enclos, mais c’est pour nous en faire sortir. Au dehors, les pâturages verdoyants du psaume 22.

Le Seigneur est mon berger : je ne manque de rien. Sur des prés d’herbe fraîche, il me fait reposer.

Mais pour cela, les "brebis" doivent le suivre. Sortons des images pastorales : il s’agit d’adopter les attitudes du Christ telles que nous les présentent les évangiles, ses manières de voir le monde, de s’adresser aux autres hommes et de les prendre en charge. En un mot son amour : "Ayez en vous et entre vous les attitudes (on traduit souvent "sentiments") qui furent celles du Christ Jésus" (Ph 2,5). L’évangile selon Jean appelle volon­tiers cela "observer ses commandements", étant bien entendu que ces commandements se récapitulent en un seul : "Mon commandement c’est que vous vous aimiez les uns les autres comme je vous ai aimés" (Jn 15,9-13).


Vers la liberté. Avec le mot "commandement", l’accent est mis sur l’autorité. De fait le personnage du pasteur est aussi une figure d’autorité. C’est lui qui conduit les brebis. Notre texte met en opposition deux types de pasteurs : ceux qui exploitent le trou­peau à leur bénéfice (thème bien représenté dans la Bible) et ceux qui n’ont en vue que le bien des brebis. Limite d’une métaphore : l’Écriture parle des bons bergers comme si tout berger ne vivait pas de son troupeau. La comparaison n’est donc pas à pousser trop loin. Disons que le Christ-berger est unique en son genre. En fait son autorité ne s’exerce que pour libérer. C’est pourquoi il peut dire : "Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé: il pourra aller et venir et il trouvera un pâturage". Il ne "vole" pas les brebis, il n’en fait pas sa propriété. Simplement, il leur ouvre la porte qui les emprison­nait. Cette porte, dans la symbolique du texte, pourrait bien être celle du tombeau. Pour sortir, les brebis doivent le suivre. À leur tête, il franchit la mort, "aîné d’une multitude de frères" (Rm 8,29). Tous ceux qui aiment la vie reconnaissent sa voix, ce qui recoupe Jean 18,37 : "Quiconque est pour la vérité écoute ma voix". C’est qu’en entrant dans notre "bergerie", Jésus vient "chez les siens". Nous pouvons aller avec lui parce que nous sommes "de lui".


Ainsi fortifiés dans notre foi, en ces temps où nous cherchons les manières de vivre progressivement un « déconfinement », comment pourrons nous aller et venir plus librement à l’avenir ? Quels sont les premiers pas que nous déciderons de faire, personnellement, en famille, en communauté ? Comment contribuer à des transformations auxquelles beaucoup aspirent au niveau écologique, économique et sociétal ? En revoyant nos manières de vivre d’une façon plus solidaire, plus en phase avec la création, enracinés localement et en même temps en dépendance universelle les uns avec les autres ?

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