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Méditation du Vendredi Saint A - Jean 18, 1 - 19,42


Dans le récit de la Passion selon St Jean (Jn 18, 1 – 19, 42), le plus important, en contraste avec les évangiles synoptiques, n’est pas le déroulement même des faits, mais ceux-ci illustrent des thèmes ouvrant au mystère du Fils de l’homme, Jésus, Fils de Dieu. Un premier thème montre que Jésusdemeure libre devant les événements. En effet, dès le début « sachant tout ce qui allait lui arriver » (18,4), il se laisse arrêter. Face au grand prêtre, il demeure maître de lui au cours de l’interrogatoire. Et ensuite, avec Pilate, il fait preuve de la même dignité tout au long de l’entretien. Ainsi Jésus ne fait-il pas preuve d’une résignation passive, mais il apparaît comme le Fils de Dieu venu accomplir jusqu’au bout toutes les Écritures (19,28-30), accomplissement dans une obéissance totale à son Père. Déjà lors de la dernière Cène, le Jeudi Saint, il savait que « l’heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père.

Un second thème importe aussi : Jésus apparaît comme Roi au cours de la Passion. Quand il répond aux questions de Pilate (18,33-38), il affirme clairement qu’il est Roi ; il accepte maintenant le titre qu’il avait refusé jadis (6,15). Plus encore que chez Matthieu, entendu dimanche dernier aux Rameaux, et les autres synoptiques, le long interrogatoire de Pilate tourne autour de cette affirmation de Jésus. Et le gouverneur romain est décontenancé par les déclarations de l’accusé : son royaume n’est pas de ce monde (18,37) ; il est aussi déconcerté par les réactions violentes des Juifs : ils en veulent à mort à Jésus (18,29-31), ils lui préfèrent Barabbas (18,38-40). C’est bien inutile de chercher à les émouvoir (19,5,14), ils veulent à tout prix obtenir la mise à mort de Jésus sur la croix parce qu’ils le rejettent comme roi (19,15-16). Et le motif de condamnation sera bien écrit sur la croix (19,19-22). En fait, Jésus conquiert sa royauté en menant jusqu’au bout, jusque dans la mort, le combat contre le monde. Et, à Pâques, il en sortira vainqueur, Roi de l’univers.

Un troisième thème apparaît aussi : Jésus, Sauveur du monde, fonde l’Église qui naît sur la croix alors que l’eau et le sang coulent de son côté transpercé (19,31-37). La plupart de ceux qui ont été choisis pour être le fondement de l’Église ne sont pas là, mais la communauté ecclésiale apparaît déjà dans le petit groupe de personnes autour de Marie et de Jean, les premiers croyants qui ont cheminé jusqu’au pied de la Croix de leur Seigneur.

Cet Évangile de la Passion nous montre aussi les personnages familiers des récits évangéliques : ils vivent maintenant, eux aussi, des heures décisives.

L’Évangile lu, écouté, contemplé, médité, nous invite à nous retrouver parmi eux et à en tirer du fruit, comme nous apprend à faire Saint Ignace.

Les apôtres d’abord. C’est en quelque sorte Pierre qui les représente. Après une première réaction violente de résistance (18,10-11), c’est la fuite pour la plupart ; Pierre renie très vite, (18,15-18 ;25-27) sans aucune allusion à son repentir. Mais Jean, lui, revient, et il est près de Marie au pied de la Croix. La foi s’éveillera chez lui plus rapidement que chez Pierre (cf. 20,6-8).

Parmi les Apôtres, il y a aussi Judas, « celui qui devait trahir » : l’évangéliste ne manque pas l’occasion de le désigner ainsi dans son récit. Dans la soirée du Jeudi Saint, « Satan est entré en lui » (13,21-30). On le voit s’avancer pour trahir, à la tête de la troupe qui vient arrêter Jésus (18,3-5). Après l’arrestation, Jean ne parle plus de lui. Il y a aussi les Juifs. Eux se sont engagés dans la lutte contre Jésus dès le début de l’Évangile (Jn 5,18). Souvent, ils cherchent à le faire disparaître et ils ont décidé sa mort bien avant de l’avoir arrêté (11,13). Ils ont choisi de rejeter définitivement Jésus en le faisant mourir. Avec une exception pour quelques-uns d’entre eux, restés provisoirement dans l’ombre, pour réapparaître après la mort de Jésus : Joseph et Nicodème ensevelissent son corps (19,38-42). Autres personnages ‘édifiants’ : les « Juges ». Caïphe a conseillé la mort (11,49-50). Jésus comparaît rapidement devant lui comme devant Hanne (18,12-14 ; 19,24). Leur autorité est limitée. Pilate, malgré quelques tentatives pour sauver Jésus, est faible : il finit par céder aux pressions de la foule. La mort était bien décidée, et Jésus devait mourir « pour rassembler en un seul corps tous les enfants de Dieu dispersés » (11,52).


Dans notre recueillement priant, communauté dominicale du Christ-Roi, laissons-nous interroger et toucher par l’Esprit. Laissons monter en nous les mercis, les demandes de pardons, les intercessions universelles, les invitations à aimer et à grandir en liberté, bien que confinés ici et partout mais dans notre maison commune !

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