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Homélie du 2ème dimanche ordinaire A - Jean 1, 29-34


Parmi toutes les paroles du Baptiste, il en est une qui a attiré plus particulièrement mon attention à cause de son caractère énigmatique. « Au milieu de vous se tient quelqu’un que vous ne connaissez pas. » (Jn 1,26). Propos puissant, très mystérieux !

Comme le disait Saint Augustin à propos de Dieu : « Si tu crois le comprendre, c’est que ce n’est pas lui ». Le Christ aussi est toujours au-delà de l’image que nous projetons sur lui. Agneau et pasteur, roi et serviteur, glorieux et présent néanmoins dans les plus faibles d’entre nous : il est toujours aussi difficile de le « saisir ».

Même pour les croyants, il se tient au milieu des siens comme « celui que nous ne connaissons pas». Bien qu’il ait fait connaître tout ce qu’il a appris de son Père (Jn 15, 15).

En circulant au milieu de nous comme « celui que nous ne connaissons pas », Jésus désire que nous creusions son mystère, que nous ne nous arrêtions pas à ce que nous croyons savoir de lui. Être chrétiens, c'est rencontrer le Christ, l'avoir rencontré, continuer à le faire, s'attacher à lui, essayer de mettre ses pas dans les siens. Cela signifie et suppose qu'on sache, ou qu'on cherche à savoir qui il est, comment il se conduit, ce qu'il apporte de si neuf...

L’homme qui vient derrière moi est passé devant moi, car avant moi il était. Jean-Baptiste a la clairvoyance de le reconnaître alors que ce n’est pas évident. Il sait voir « l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et s’arrêter sur lui ». Cet Esprit est promis à chacun de nous par le Christ, cet Esprit continue à descendre et à demeurer sur nous, en nous, en chacun, même s’il ne le sait pas et le cache au plus profond. Jean nous invite encore et encore à le chercher au milieu de nous, pour l’y trouver par surprise. Le chercher en nous et l’y reconnaître par l’Esprit. Et même le trouver sans le chercher dans le geste d’un inconnu qui nous a surpris par sa qualité d’humanité.

Saurons-nous voir cette colombe, descendre et se poser ? Saurons-nous y attacher plus d’importance qu’aux pigeons en ville que nous ne voyons même plus ?

Saurons-nous reconnaître le Christ dans la personne avec qui nous avons affaire et voir sous son apparence ordinaire, l’être sur qui est réellement descendu l’Esprit de Dieu ?

Saurons nous discerner en nous-mêmes cette tête que Dieu bénit, ce frémissement d’espérance qui déjà peut nous permettre de redresser la tête et de vivre ?

« Moi, j’ai vu, et je rends témoignage : c’est lui le Fils de Dieu. » Jésus, lui, seul, a reçu la force divine de l'Esprit-Saint ; au baptême, nous ses disciples nous recevons cet Esprit qui nous renouvelle de fond en comble, qui nous fait toujours « commencer », si bien qu'on peut dire que nous somment « re-nés » (Jn 3,5). « A ceux qui croient en son Nom, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu... ils sont nés de Dieu... De sa plénitude nous avons reçu grâce sur grâce » (Jn 1, 12).

Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde ; « Agneau de Dieu, prends pitié de nous ! », c’est notre prière de chrétiens à tout âge.

C’est la prière des jeunes : « Toi qui sauves tous les hommes, fais de moi un ami, un frère universel. »

C’est la prière des époux : « Toi qui t’es donné jusqu’à l’extrême, prends-nous tous deux dans ta pitié, mets ton amour au cœur du nôtre. »

C’est la prière paisible et confiante de ceux et de celles qui commencent à descendre le chemin de la vie : « Agneau de Dieu, toi qui si souvent as porté, enlevé, pardonné mes misères et mes lenteurs, donne-moi le temps de m’ouvrir à mon tour à la miséricorde. »

C’est la prière de nos familles et de toute communauté, au moment où le Christ vient unir tous les frères et toutes les sœurs, en un seul corps : « Agneau de Dieu, vainqueur du mal, viens habiter nos différences, viens triompher de nos indifférences. Toi qui t’es livré pour nous tous, mets en nous la soif de l’unité. »

C’est l’imploration de l’Église universelle et de tous ceux qui se voient contestés, calomniés, persécutés parce qu’ils témoignent de l’Évangile : « Jésus, Agneau de Dieu, toi qui viens réunir les enfants de Dieu dispersés, toi qui accueille l’espérance de tous les peuples et de tous les hommes de bonne volonté, donne-nous la paix ! »

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