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Homélie du 2ème dimanche de l'Avent A - Matthieu 3, 1-12


Frères et sœurs,

Les lectures entendues sont fort contrastées !

D’abord le prophète Isaïe. Il évoque, lui, un monde nouveau et tout transformé.


Ainsi, il réconforte l’espérance de ses contemporains : oui, le Messie va venir ! Il sera bien différent des rois terrestres subissant le joug étranger. L’origine du Messie sera toute frêle et fragile, pareil à un rameau qui sort de la souche d'un arbre abattu. Oui, Dieu fera quelque chose de grand à partir de nos misères et de nos pauvretés. Isaïe décrit donc le monde idyllique qui suivra l’avènement du Messie.


Par contre, dans l’Évangile de Matthieu, Jean-Baptiste tient des propos durs à entendre quand il parle du Messie qui vient. Le Messie promis, c’est Jésus. Le moment est grave et il y a urgence, l’heure de la conversion est arrivée. Il est temps de changer sa façon de vivre, de penser et d’aimer. La hache est déjà sur la racine de tout arbre qui ne produit pas de bons fruits, mais il n’est pas trop tard pour se retourner vers Dieu, car des pierres Dieu peut faire surgir la vie. Il est le Dieu de l’impossible.

Isaïe s’adressait à ses contemporains en exil. Sa promesse est l’annonce du grand projet de Dieu sur l’humanité. Ce projet prend forme depuis la venue de Jésus confirmant que le Royaume de Dieu est tout proche. Dieu est à l’œuvre partout : dans l’Église, dans la société, et en chacun de nous, de façon discrète et sans trop d’éclat. C’est sa manière habituelle d’agir, sans s’imposer par la force et la peur. Les petites pousses de vie autour de nous ne manquent pas. Ne les piétinons donc pas dans l’indifférence et le mépris ; au contraire, cultivons ces signes du royaume et ces chemins d’avenir. Convertissons-nous, préparons son chemin. La conversion, c'est toute une vie qui part d'un instant de rencontre. La conversion, c'est un cheminement qui dure toute la vie, un pèlerinage d'amour. C'est la grande affaire d'une vie, c'est le moment à ne pas manquer, c'est le cheminement à ne pas refuser.


Et changer se prépare toujours déjà !


Changer demande attention, discernement, énergie et continuité dans le quotidien des jours. Il ne suffit pas d'accomplir des rites religieux comme le baptême dans le Jourdain, ce fleuve qui symbolise l'entrée dans la vie nouvelle de la Terre promise. Il n'est pas question d'être satisfaits parce que nous sommes membres d’un groupe bien croyant. Les actes doivent suivre dans la vie de tous les jours. Sinon, les rites ne sont que branches mortes sans fruits et destinées au feu, rien que paille inutile qui n'a porté aucun blé.

Dans le Royaume de Dieu, les portes sont ouvertes à tous. Dieu ne rejette personne. Il n’est pas le bûcheron prêt à abattre le mauvais arbre. Le feu de Dieu n'est pas de destruction. C'est le feu de l'Esprit Saint, le feu de la vie et du dynamisme.


L’Avent est le temps de notre conversion, un temps pour retourner nos cœurs, afin d’adopter des attitudes de service, d’accueil de l’autre et de miséricorde envers tant et tant de blessés de la vie. Au temps des premières communautés de croyants, il y avait des chrétiens qui venaient les uns du judaïsme, les autres du paganisme, ce qui ne facilitait pas l’unité. Aussi Saint Paul invite-t-il tous les chrétiens à s’accueillir les uns les autres et à se considérer égaux entre eux, à faire preuve de miséricorde à l’égard de celles et ceux qui sont différents, et de les accueillir inconditionnellement.

Ainsi notre conversion, est bien au-delà des mots, il s’agit en effet de tous ces gestes concrets que nous voulons poser pour signifier le changement qui s’est opéré en nous.


Puissions-nous accueillir l’appel urgent à quitter nos chemins de mort, et à choisir la vie. Derrière la rude colère de Jean Baptiste, c’est la démesure même de la tendresse de Dieu qui cherche à venir au jour, un Dieu qui ne peut accepter qu’aucun de ses enfants se perde.


Alors redisons à travers toute notre célébration notre détermination : « Préparons ton chemin, Seigneur ! », sans oublier notre demande de la première semaine de notre Avent : « Garde-nous éveillés ! »

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