Homélie de la Fête du Saint Sacrement C - Luc 9, 11b-17

« Ceci est mon corps, qui est pour vous. »
Désormais, Dieu a pour son peuple un don permanent, quotidien, éternel toujours, pour tous les jours, celui d’une nourriture qui vient apaiser nos faims de toutes sortes : faim d’amour, faim d’être reconnu et apprécié, faim d’absolu.
A ses disciples après le miracle de la multiplication des pains il dit : « Vous avez bien mangé, mais attendez un peu avant de partir, je veux vous dire quelque chose d’important ». Moïse a fait comprendre au peuple, que Dieu est généreux et il s’occupe de lui donner la nourriture dont il a besoin pour vivre et avancer dans le désert. Mais ce n’est pas tout, cette nourriture n’est plus la « manne » mais elle est désormais mon corps et mon sang.
C’est un peu fort en cacao, se disent certains de ceux qui entendent ces paroles.
« Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel. »
Dieu à travers Jésus descend dans nos vies. Il se fait proche de chacun et de chacune comme un Père pour ses enfants.
Jésus, lui, se fait nourriture spirituelle dans le pain et le vin que nous partageons. « Ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi je demeure en lui ». Les mots sont si forts « mange ma chair » et « boit mon sang ». Des flux, des flots de vie (manger, boire chair, sang, la vie), union, intime. Nous sommes incorporés et ne formons plus avec lui et entre nous, qu’un seul corps.
Communier au corps et au sang du Christ, c'est dans la foi accueillir la vie d’éternité, qui ne finit pas, c'est avoir l'assurance de ressusciter avec le Christ, vainqueur de la mort. Beaucoup d'hommes, même parmi les chrétiens, n'entendent pas cette promesse.
A la suite de ce discours, des quantités de gens ont cessé de suivre Jésus : ce qu'il disait était inacceptable ; alors il s'est retourné vers les Douze et il leur a demandé : « Et vous, ne voulez-vous pas partir ? »
C’est là que Pierre a répondu « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as des paroles de vie éternelle ».
Et ce qui nous fait vivre, c’est le don de la vie du Christ, ce que nous appelons son sacrifice et le véritable sacrifice que Dieu attend de nous ; sacrifier (faire du sacré, rendre sacré), entrer en communion avec le Dieu de la vie, ce n’est pas tuer ; c’est faire vivre les autres, c’est-à-dire mettre nos vies au service de nos frères. La vie est tout entière donnée pour les hommes.
Dieu nous fait découvrir sa présence de bien des manières dans notre quotidien. Mais dans l’eucharistie qui nous engage à nous donner tout entier, comme Lui, « corps livré », « sang versé », il nous fait vivre au plus haut point de « Sa présence réelle ».
Comme un pain rompu. Recevoir le pain rompu des mains de Jésus et le distribuer à tous.
Rompre : c’est le mot qui explique le « faites cela en mémoire de moi ». Jésus s’est rompu, il se rompt pour nous. Nous pouvons penser à celles et ceux qui se sont « rompus » eux-mêmes, leur propre vie, pour “donner à manger” à leurs frères. Que de mamans, que de papas, avec le pain quotidien coupé sur la table de la maison, ont rompu leur cœur pour faire grandir leurs enfants ! Que de chrétiens, comme citoyens, ont rompu leur propre vie pour défendre la dignité de plus pauvres ! Où trouvent-ils la force pour faire tout cela ? Justement dans l’Eucharistie du Seigneur ressuscité, qui aujourd’hui, désormais, aussi rompt le pain pour nous et répète : « Faites cela en mémoire de moi ».
L’eucharistie est beaucoup plus qu’une célébration de piété individuelle. « Donnez-leur vous-mêmes à manger. » Elle nous invite au partage, à la fraternité, à l’accueil des autres : elle est ce geste pour donner à manger à la foule d’aujourd’hui ; un geste pour rompre notre foi et notre vie comme signe de l’amour du Christ ici aujourd’hui, pour cette ville et pour le monde entier. Génie de l'amour, mystère de la foi.