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Homélie du 2ème dimanche ordinaire C - Jean 2, 1-11


Frères et sœurs,

Saint Jean, dans son Evangile, nous le répète : la générosité de Dieu ne cesse jamais de nous accompagner ! Aujourd’hui, à Cana, ce couple de jeunes mariés, ces familles, Marie, les disciples, chacun est dépassé par la surabondance du don de Dieu. Aujourd’hui, c’est le vin à Cana, certes, et demain, ce sera la multiplication des pains, la guérison de l’aveugle, la résurrection de Lazare, et, après la résurrection de Jésus, la pêche miraculeuse. Oui, cette générosité est dans la droite ligne de la mission de Jésus : « Je suis venu pour que les hommes aient la vie et qu’ils l’aient en abondance » (Jn 10,10). C’est lui qui nous donne aujourd’hui la joie de rendre grâce en communauté en ce dimanche où nous prions tous pour l’unité des chrétiens.


Le signe de Cana a eu lieu le troisième jour. Après ce premier signe, il y aura, un autre ‘troisième jour’, le signe ultime de la résurrection du Seigneur après la Cène du jeudi saint et le Calvaire du vendredi saint : après les noces de Cana, les « noces de l’Agneau ».


Le Seigneur est toujours attentif et attentionné. Il nous donne son Esprit de discernement. À Cana, le maître du repas et le marié n’ont pas su d’où venait le bon vin. Marie, la mère de Jésus, a vu tout de suite que le vin allait manquer. « Ils n’ont pas de vin », dit-elle à Jésus. Elle est attentive et sensible. Elle voulait sans doute sauver l’honneur de la famille qui recevait et contribuer à la bonne réussite de la fête. Pourtant, l’heure de Jésus n’était pas encore venue.


Jésus, manifestement, est sensible à autre chose. La suite de l’évangile nous éclaire. Dès le lendemain, en effet, Jésus monte à Jérusalem pour célébrer la Pâque. Et dès son arrivée à Jérusalem, il va chasser les vendeurs du temple en expliquant : « Otez cela d’ici, ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic » (Jn 2,16). C’est le deuxième signe que donnera Jésus. Sans doute oriente-t-il la constatation implorante de Marie dans le sens d’une pénurie autrement grave : ce n’est pas de vin va manquer le peuple, c’est de Dieu. Jésus a compassion de l’humanité, ce qu’il espère, ce n’est rien de moins qu’une réconciliation entre Dieu et l’humanité.


Ainsi ce bon vin donné à Cana est-il une annonce du vin nouveau du Royaume, le vin éternel de la réconciliation et du pardon. Rappelons-nous que Jésus a dit, lors de la dernière Cène : « Je ne boirai plus du produit de la vigne jusqu’au jour où je boirai le vin nouveau dans le Royaume de Dieu » (Mc 14,25). Nous pouvons dès lors comprendre le miracle de Cana, comme une occasion saisie par Marie pour que Jésus hâte l’inauguration de sa mission, qu’il donne ce témoignage fort du don sans mesure du Dieu de l’alliance : le Seigneur Dieu donne sa Parole et en exprime toute la puissance dans le cadre d’une noce ! Ne répétons-nous pas à chaque eucharistie : « heureux les invités au repas du Seigneur ! ».


Au pied de la croix, lorsque l’heure de Jésus sera effectivement et définitivement venue (Jean 13,1), Marie deviendra la mère du disciple que Jésus aimait : elle sera en effet entrée, par grâce, dans cette compassion qui habite le cœur du Christ. Sur la croix, l’évangile de Jean nous rapporte la dernière parole de Jésus et son geste ultime : « Jésus dit : « Tout est achevé », il baissa la tête et remit son esprit » (Jean 19,30). Jésus remet son esprit au Père, il le rend, il le redonne à celui qui l’a fait reposer sur lui depuis le baptême de Jean. Et le Père nous le donne en abondance. Comme à Cana. Le don abondant du vin de Cana préfigure le don immense de l’Esprit de Jésus fait à ses disciples au pied de la croix et pour les siècles des siècles. L’Esprit saint, l’Esprit dont vit Jésus, nous est donné largement : « Chacun reçoit le don de manifester l’Esprit en vue du bien de tous » (1 Co 12,7), c’est ce qu’exprime saint Paul aux Corinthiens dans notre deuxième lecture. Rendons grâces à Dieu ! Laissons-nous irriguer par cet Esprit Saint, laissons-le vivre en nous et à travers nous ! Amen.

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