Homélie du 29ème dimanche ordinaire B - Marc 10, 35-45

Nous voudrions que tu exauces notre demande : La demande des fils de Zébédée paraît disproportionnée, peut-être même choquante. Elle provoque d'ailleurs la réaction des autres apôtres. Jésus ne se fâche pas : vous êtes des gamins, vous ne savez pas ce que vous faites… pas du tout. "
Il ne s’agit surtout pas de mépriser, mésestimer ou nier le désir de « devenir grand » qui peut habiter certains : « celui qui veut devenir grand… celui qui veut être le premier… » Jésus reconnaît combien peut être puissante cette aspiration au meilleur, et combien la conscience des talents reçus ne peut qu’aspirer à en vivre la pleine mesure.
Si nous n'osons pas exprimer nos désirs, même les plus « ambitieux », nous risquons de ne pas laisser le Seigneur les habiter.
« Vous ne savez pas ce que vous demandez ». Vous ne savez pas quoi ? Vous n'avez pas compris que je ne suis pas le Messie que vous attendez…
Le plus grand sera le serviteur(verset 43).
Jacques et Jean ne peuvent pas être à la droite et à la gauche de Jésus siégeant sur le trône de la gloire car, justement, ils veulent être mis à la place des « plus grands ». Or ces places sont réservées aux hommes qui se feront serviteurs, qui accepteront de passer par l’humiliation et la mort : notre évangile vient immédiatement après l’annonce de la passion.
Pouvez-vous boire ? Jésus accueille leur requête, comme une demande à le suivre jusqu'au bout, à travers le baptême qu'est sa Passion. La dynamique qui les pousse (nous pousse) à rechercher la première place, les entraînera-t-elle au-delà, (et nous-mêmes) jusqu'au don de soi ? Comment reconnaître cette force en moi qui m'appelle plus loin, plus profond, au-delà ?
Jésus les amène à accepter de le suivre jusque-là : « La coupe que je vais boire, vous la boirez. » Vous la boirez, au repas d’éternité. Le Christ n’est pas venu juger. Il a au contraire été jugé. Mais les hommes se sont jugés eux-mêmes par la condamnation qu’ils ont portée et par la croix qu’ils ont dressée. Le jugement de la fin des temps, la venue dans la gloire ? Ces expressions annoncent la révélation de la vérité de nos vies et de l’histoire, au-delà des apparences. Mais, pour ce procès, nous avons un défenseur qui n’est autre que notre victime et notre juge.
Quelles sont ces places réservées ?
L’expression « à droite et à gauche » ne se retrouve ailleurs que dans les récits de la passion : « avec lui, on crucifie deux brigands, l’un à sa droite, l’autre à sa gauche » (Mc 15, 27). Voilà ceux «pour qui ces places sont réservées ». La croix est le jugement du monde car c’est là que sont dévoilés la perversité de l’homme et l’amour de Dieu.
Pécheurs jusqu’au bout, et pourtant réhabilités parce qu’ils partagent le sort de celui qui est venu partager le leur.
Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi : Non pas mépris des « grands », de ceux qui montrent leur pouvoir. Ils ont déjà leur récompense. Mais appel à quelque chose de meilleur. Appel à prendre Jésus-Christ comme Maitre et Seigneur, modèle de service et de don de soi.
Celui qui voudra devenir grand parmi vous, se fera votre serviteur.